« Quand la bombe atomique est tombée,
le jour est devenu la nuit et
les gens sont devenus des fantômes ».
Hatsumi Sakamoto, élève de troisième année,
école primaire Hijiyama, Hiroshima, 1952
Les 6 et 9 août 2020 commémorent le 75e anniversaire des jours où deux bombardiers américains B-29 superforteresses, l’Enola Gay et le Bockscar, ont largué les premières bombes atomiques utilisées en temps de guerre sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945. Ces attaques étaient l’aboutissement de trois années de recherche menées par le projet Manhattan, une équipe alliée de science nucléaire et de développement de la recherche composée des États-Unis, de la Grande-Bretagne et du Canada. Ces attaques avaient été précédées de l’essai nucléaire Trinity du projet Manhattan – de la première arme atomique, mené trois semaines plus tôt dans le désert du Nouveau-Mexique le 16 juillet 1945. Le noyau de plutonium de cette bombe, connu sous le nom de The Gadget, a été assemblé par un Canadien, le physicien nucléaire Louis Slotin, né à Winnipeg. Les 6 et 9 août marquent le moment ou les yeux du monde entier se sont tournés vers deux villes japonaises alors que l’explosion de deux autres bombes, Little Boy et Fat Man, ont révélé une puissance nouvelle et terrible dans l’histoire de l’humanité.
Hiroshima
Le 6 août, à 8 h 15, l’Enola Gay a largué la première arme atomique de l’histoire de l’humanité sur une ville habitée. Pendant les quarante-quatre secondes qu’il a fallu pour que la bombe tombe, Joe Ohari, âgé de 14 ans, né à Vancouver, achetait un billet de tramway pour aller à l’école. Comme des milliers d’autres habitants d’Hiroshima, il ne savait rien de la force soudaine qui était sur le point de dévaster la ville. Au moment de la détonation de Little Boy à 240 mètres au-dessus de la clinique chirurgicale Shima, la destruction d’Hiroshima a été immédiate et cataclysmique. « Étant près de la gare, j’ai pensé que le train avait explosé », se souvient Ohari. En moins d’un milliardième de seconde, le site d’impact a atteint des températures dix mille fois plus chaudes que la surface du soleil. « Soudain », continua-t-il, « on se sentait comme pris au piège dans une boule de feu ». La force et la température de la bombe ont suffi à détruire environ 60 000 bâtiments dans un rayon de 1,6 kilomètre.
La perte de vies humaines était tout aussi choquante. Sur une population estimée à 255 260 habitants, la ville d’Hiroshima a perdu 140 000 habitants dans les premières minutes du bombardement et lors des retombées qui en ont résulté. Ceux qui ont été exposés à la bombe ont subi des brûlures thermiques causées par le flash de la bombe assez puissantes pour imprimer des motifs de tissu sur la peau. D’autres victimes ont été le résultat de la « maladie des rayons » et de cancer développés à partir de l’afflux élevé de rayons gamma et de neutrons libérés par l’explosion. Bien qu’un médecin lui ait dit qu’il ne survivrait pas, Joe Ohari a survécu à l’explosion avec des brûlures extrêmes sur sa main gauche et au côté du visage et a réussi à retrouver sa famille. Quand Ohari est retourné à Hiroshima deux mois plus tard, il se souvient :
« À perte de vue, ce n’était qu’un champ ouvert. Quelques bâtiments avaient subsisté, mais ce n’était rien de ce à quoi j’avais pensé ».
La nouvelle du bombardement a ensuite été annoncée par le président américain Harry Truman lors d’une émission de radio qui a conduit les responsables japonais à se rendre compte que c’était une bombe atomique qui avait détruit Hiroshima. Mais la guerre avec le Japon ne s’est pas terminée avec sa destruction.
Nagasaki
Le 9 août, trois jours après Hiroshima, le bombardier américain Bockscar s’envole avec une deuxième bombe atomique, Fat Man, avec l’intention d’attaquer la ville ciblée de Kokura. Cependant, en raison de la fumée et des nuages des bombardements précédents, Bockscar s’est immédiatement déplacé vers la cible secondaire : Nagasaki.
À 11 h 02, la bombe Fat Man a été larguée au-dessus du quartier industriel de la ville et a chuté pendant quarante-trois secondes avant d’exploser. Sa cible était la Mitsubishi Steel and Arms Works et le Mitsubishi-Urakami Ordnance Works qui construisait des torpilles. Durant ces quarante-trois secondes, un prisonnier de guerre de 21 ans de Port aux Basques, Terre-Neuve nommé Jack Ford travaillait comme ouvrier dans un chantier naval voisin. Ford leva les yeux vers le ciel et fut témoin de ce qu’il pensait être « la fin du monde ». Se souvenant de ce jour-là, Ford a dit : « […] Il n’y avait pas un nuage dans le ciel. Et soudain, alors que j’allais chercher le bol de thé vert pour le groupe, une explosion nous a frappés. Quand j’ai regardé vers Nagasaki, le ciel venait de noircir et le champignon atomique était juste en l’air. Comme à Hiroshima, la décimation de Nagasaki a été rapide et désastreuse.
Immédiatement, un champignon atomique formé par l’explosion a commencé à monter et a atteint plus de 40 000 pieds (12 242 mètres) en huit minutes. Fat Man a détruit la moitié de Nagasaki, y compris les cibles prévues avec une explosion équivalente à la puissance de 21 tonnes de dynamite. Le nombre de victimes de la bombe, tout comme à Hiroshima, a été dévastateur. Sur une population estimée à 195 290 habitants, Nagasaki a perdu 80 000 citoyens lors du bombardement du 9 août et des retombées qui en ont résulté. Jack Ford a survécu à l’attaque, ayant vécu seulement le flash de chaleur de l’explosion qui l’a frappé au sol, ainsi que ses compagnons prisonniers de guerre.
Un jour plus tard, en raison d’une mauvaise coordination, les avions américains ont largué des milliers de tracts de propagande destinés à avertir les habitants de Nagasaki d’une attaque nucléaire imminente si le Japon ne se rendait pas. Le 14 août, le Japon a annoncé sa reddition, ce qui a mené à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki ont initié le monde à la puissance terrifiante de l’énergie nucléaire. Leur impact dévastateur et les pertes de vies subies sont un rappel horrifiant pour le monde entier depuis la Guerre froide jusqu’à nos jours.
Le Diefenbunker – Musée canadien de la Guerre froide se souvient des personnes disparues.
Ressources
Pour entendre le témoignage de Joe Ohari, cliquez ici https://www.cbc.ca/archives/entry/a-canadian-in-hiroshima (en anglais).
Pour des ressources sur le témoignage de Jack Ford, veuillez consulter :
https://www.cbc.ca/archives/entry/witness-at-nagasaki (en anglais)
https://www.cbc.ca/news/canada/newfoundland-labrador/sherren-remembering-john-ford-1.1868434 (en anglais).
Pour le récit des témoignages de survivants, écrit par John Hershey en 1946 et récipiendaire du prix Pulitzer, cliquez ici https://www.newyorker.com/magazine/1946/08/31/hiroshima (en anglais).
Pour d’autres témoignages et de plus amples renseignements, veuillez visiter le site Web du Hiroshima Peace Memorial Museum et du Nagasaki Peace and Atomic Bomb Museum :
http://hpmmuseum.jp/modules/info/index.php?action=PageView&page_id=159&lang=eng (en anglais).
http://nagasakipeace.jp/english.html (en anglais).
Pour voir d’autres artéfacts reliés au 6 août, veuillez visiter le site Web du Hiroshima Peace Memorial Museum : http://a-bombdb.pcf.city.hiroshima.jp/pdbe/search/col_bombed (en anglais).
À propos des structures qui ont résisté au bombardement 9 août, veuillez visiter le Nagasaki Peace and Atomic Bomb Museum : http://nagasakipeace.jp/english/survivors/1.html (en anglais).